La poterie est le premier artisanat de l’histoire de l’humanité. Au Maroc, cet artisanat mélange l’héritage berbère aux motifs d’inspiration arabo-andalouse et propulse le pays parmi les producteurs les plus importants de céramique et de poterie. Les objets fabriqués vont des simples ustensiles de cuisine en argile, aux produits décoratifs en céramique artistique.
Un peu d'histoire
La richesse artistique de cet artisanat trouve ses origines dans les diverses civilisations que le Maroc a connues. À ce titre, les Phéniciens et les Romains avaient une grande influence. Des monuments attestant de cela étaient trouvés dans d’anciennes villes telles que Volubilis, Shala et Locus.
Nous retrouvons la poterie dans de nombreux musées marocains, l’influence de l’art amazigh est palpable sur d’anciens ustensiles tandis que le patrimoine andalou est très visible à partir du XIIe siècle. Les motifs géométriques que nous connaissons bien aujourd’hui trouvent leur origine à cette époque. L’originalité du travail de poterie marocaine a profité de l’introduction de nouveaux matériaux, de fours modernes et de designs pour propulser cet artisanat au niveau mondial. Cette tradition existe encore dans plusieurs villes du Maroc, comme Fès, Safi ou Rabat.
Poterie et céramique marocaine

Plusieurs personnes ne connaissent pas la différence entre ces deux mots. La poterie et la céramique se basent toutes les deux sur le travail de la terre, au Maroc, c’est souvent de la terre cuite, un mélange d’argile et de marne. Elles sont travaillées de la même manière : à partir d’une boule de terre sur un tour, l’artisan dresse l’objet, le creuse et le forme avec ses mains et doigts.
La seule différence est que la poterie est relative à des ustensiles de cuisine, de la vaisselle et des objets de tous les jours, tandis que l’appellation céramique est réservée à des objets de décoration comme les vases ou les cendriers.
La poterie marocaine est divisée en deux types :
- La poterie rurale, fabriquée dans des villages, les produits sont des ustensiles de la vie courante réalisés en argile. Ils sont de couleur brune brute avec parfois quelques motifs gravés.
- La poterie urbaine est présente à Fès, Safi, Salé, Marrakech et Tétouan. Que ce soit pour les ustensiles de cuisine ou pour des éléments décoratifs, elle est caractérisée par son raffinement et son visuel très artistique.
Dans plusieurs régions au Maroc, le sol est argileux et riche en minéraux. En plus du savoir-faire artisanal marocain, l’abondance de cette matière première a propulsé la fabrication de poterie au Maroc au niveau mondial. L’artisan marocain travaille selon une technique ancestrale, avec des outils et méthodes traditionnelles pour produire des tajines, des vases, des assiettes de décoration…
Les Marocains sont très attachés à la poterie marocaine et à l’utilisation d’ustensiles en argile. C’est l’expression de la civilisation, du folklore et de l’identité culturelle marocains riches et multiples. Les tagines, verres, tasses, khabiya et vaisselles en argile rouge sont employés tous les jours, tandis que la belle vaisselle en argile blanche est réservée aux fêtes et célébrations.
La poterie et la céramique traditionnelle occupent également une place importante dans la décoration de la maison et du bureau. Des objets de décorations comme les vases en céramique, des pots ciselé et orné de feuilles d’or sont particulièrement appréciés et rajoute une touche d’authenticité et du caractère à la maison. La poterie et céramique de luxe est employé lors des occasions spéciales comme les fêtes religieuses, ramadan ou lors des mariages. Ce sont des objets de haute qualité, qui attirent les spectateurs par leurs couleurs vives.
Le plus grand regroupement d’artisans spécialiste en poterie et céramique est à Safi et Fès. Aux médinas, des quartiers entiers sont réservés à cet artisanat.
La poterie de Fès
La poterie de Fès est connue depuis l’air des Marinides. Les premières poteries et céramiques marocaines remontent au XIIIe siècle apr. J.-C.. Les meilleurs artisans sont dans la médina et exercent encore leur métier avec fierté et passion. Hérités d’une génération à l’autre, ils sont aujourd’hui au nombre de 500 à exercer la poterie marocaine. Toutes les étapes de fabrication sont réalisées sur place, de l’extraction de l’argile à la décoration.
Les premières poteries et céramiques marocaines remontent au XIIIe siècle apr. J.-C., car la céramique a atteint un niveau élevé sous le règne des Marinides. Fès est célèbre pour ses plats de lustre métallique, d’inspiration andalouse sous forme de motifs floraux.
La poterie de Safi
La poterie de la ville de Safi remonte aux Portugais, une ville réputée mondialement par cet artisanat. Safi a su renouveler et moderniser les produits proposés et grâce à ses artisans experts et passionnés, et une matière première abondante et de hautes qualités, elle est aujourd’hui la référence en matière de poterie, de céramique et de porcelaine.
La poterie est un patrimoine culturel et touristique très important à Safi. En effet, c’est l’artisanat la plus importante de la ville. 2 000 artisans exercent ce métier d’une façon permanente ou saisonnière. Le quartier de la colline regroupe à lui seul 700 artisans qui travaillent dans 42 ateliers. Grâce à sa renommée nationale et internationale, la demande a fortement évolué, menant ainsi à la création d’une zone appelée la vallée chaâba, qui abrite 800 potiers exerce dans 75 ateliers. Puis d’autres ateliers dans des villages voisins ont rejoint ce mouvement.
Fabrication de la poterie

La matière première pour fabriquer de la poterie marocaine est l’argile. Trois types d’argiles sont utilisés dans cet artisanat : l’argile rouge, l’argile jaune et l’argile blanche. Pour préparer la pâte, elles sont tamisées et purifiées finement avant toute utilisation. L’argile est placée dans des réservoirs d’eau pendant une longue période pour se débarrasser Pierre et du calcaire accrochés à elle. Ensuite, elle est exposée au soleil pendant de longues heures pour sécher.
Une fois la matière première est prête, l’artisan attaque le pétrissage et ensuite le modelage de la pâte. Il la place au centre de son tour, à l’aide de ses pieds, il fait tourner ce tour tandis que ses mains modèlent la pâte à l’aide d’un peu d’eau et de mouvements symétriques bien exécutés. L’objet créé est mis sous le soleil pour sécher avant d’être placé dans des fours de haute température (entre 900 et 1200 degrés).
Nous arrivons à l’étape finale, celle de la décoration, appelée en arabe le « zwak ». Ce sont des formes et des symboles inspirés de la culture amazighe et des versets coraniques. Les artisans produisent deux types d’objets, ceux qui conservent leur côté brut et naturel et d’autres à l’aspect plus raffiné. Pour avoir cet aspect brillant, l’objet est revêtu d’une fine couche de couleurs. Nous optenons les couleurs à partir d’oxydes (oxyde de fer pour la couleur brune, le cuivre pour le vert et le cobalt pour le bleu) mélangés à de l’oxyde de plomb. Ce procédé est nommé « vitrage », et sert à fixer les couleurs et leur donner de l’éclat, ensuite un dernier passage rapide au four avant que l’objet soit enfin prêt.
Le travail de la terre cuite est l’une des spécialités du Maroc. Les objets, vaisselles et décorations de poterie ou céramique sont présents dans chaque foyer marocain. C’est un art ancestral, transmis de génération en génération, principalement dans la région de Safi et Fès. Les artisans de ces deux régions façonnent chaque objet à partir de l’argile de la région. Le procédé est jusqu’à aujourd’hui réalisé à la main et demande un savoir-faire, de la passion et de la patience.