L’histoire des traditions et de l’art marocain remonte à l’époque néolithique. C’est durant cette période que les peuples venus de l’Est et du Nord migrent et s’implantent dans cette région, marquant ainsi les prémices de la culture et de l’artisanat marocain.
L’influence des différentes civilisations

Vers le V ème siècle av. J.-C., les premières tribus berbères s’établissent dans le nord du Maroc. Elles créent alors le royaume de Maurétanie, et établissent les premiers comptoirs qui servent à l’échange de produits artisanaux entre autres. L’organisation de l’activité économique autour des métiers de l’artisanat s’est naturellement établie au fur et à mesure. Les avancés économiques et le développement du niveau de vie ont fait émerger de nombreuses disciplines et spécialités artisanales.
Par la suite, l’arrivée des Phéniciens a permis d’enrichir la culture berbère et d’établir une civilisation forte. L’industrie liée à l’urbanisme a prospéré, telle que le zellige, la menuiserie, la forge, le marbre, le travail du cuivre et de l’argent, la sculpture du bois et de la pierre ainsi que le développement des moyens de pêche et de transport.
Au cours de l’ère carthaginoise, le style de vie des Marocains a largement évolué et le commerce a connu son apogée. Les Marocains apportaient du marbre, des coquillages, du cuivre, du lin, du coton, des minéraux, du bois de première qualité, des pierres précieuses, de l’ivoire et des parfums des îles grecques, d’Égypte, d’Espagne, d’Inde et de la péninsule arabique, et ils exportaient du textile, de la verrerie et des matériaux précieux.
L’époque romaine a connu le développement de l’artisanat autour des accessoires et les besoins fondamentaux de la vie quotidienne, comme la gestion de l’eau, les méthodes de fonte de fer, du tannage de cuir, la fabrication de méduses, le tissage de vêtements et la fabrication de meubles.
Après la conquête islamique, des objets d’artisanat sophistiqués sont apparus, et d’autres se sont développés comme la fabrication de l’argent, par exemple, où les premiers dirhams ont été réalisés au nom d’Idris II. Côté urbanisme, les métiers traditionnels liés à ce domaine ont été très sollicités, comme la menuiserie, la forge, la fabrication du marbre et la gravure sur pierre, gypse, zellige et verre.
Cependant, l’époque qui a le plus marqué les arts traditionnels et l’artisanat est bien celle des Almoravides et des Almohades (1147-1269). Le Maroc a connu une vraie renaissance et l’artisanat a atteint un stade poussé. Par la suite, l’arrivée des Andalous au grand Maghreb a largement contribué à son avancée culturelle et architecturale et à l’apprentissage de nouvelles techniques. Enfin, les Mérinides (1269-1465) mettent à l’honneur l’art à proprement dit, d’ailleurs c’est durant cette époque qu’il atteint un degré de raffinement élevé. Par la suite, les dynasties Saâdiennes et Alouites ont succédé, chacune d’elle laissant son empreinte sur l’artisanat marocain actuel.
Le déclin de la demande pour l’artisanat marocain commence pendant l’ère de la protection (1912-1956). L’introduction du modèle capitaliste et de l’industrie occidentale a favorisé la concurrence inégale au profit du commerce européen.
Aujourd’hui, l’artisanat a subi de nombreux changements liés aux influences étrangères modernes et à l’évolution des modes de vie des Marocains. Ainsi, l’artisanat marocain se façonne au gré des tendances et oscille entre tradition, authenticité et modernité.
Les autorités en place, qui se sont succédé historiquement au Maroc avaient toujours un intérêt à préserver et encourager les artisans. Les bourgeois et dirigeants avaient souvent besoin de leur expertise pour construire des bâtiments, des palais et des œuvres somptueux afin d’assoir leur pouvoir et promouvoir leur image. La protection et la préparation militaire étaient également des enjeux majeurs, où plusieurs fabricants intervenaient. En contre partie, les artisans étaient valorisés, admirés et protégés par le pouvoir en place avec des préférences artistiques lors de chaque dynastie.